Comme nous tous, les footballeurs sont aussi confinés. Mathieu Valbuena n’échappe pas à la règle. Depuis Athènes, l’ancien marseillais est revenu pour nous sur sa carrière et sa vie de père de famille pendant cette période de confinement.
Où es-tu actuellement ?
Je me retrouve à Athènes, en confinement, comme beaucoup de monde.
Tu es tout seul ?
Non je suis en famille, en ce moment je suis avec ma fille, ma sœur et mon petit neveu.
Ça se passe bien ?
Oui très bien. Quand y’a ta famille, encore plus. Quand on vit une situation très difficile comme aujourd’hui, il est encore plus important d’avoir sa famille auprès de soi.
Comment se passe le confinement en Grèce ?
Globalement le gouvernement a pris des mesures un peu plus tôt. Déjà, fermer les écoles. On s’est dirigé vers ce confinement. On n’est pas beaucoup touchés.
Dans ton quotidien, tu vas faire les courses, tu participes un peu à tout cela ?
(Rire) Non non non. Je ne sors pas, je ne vais pas faire les courses, c’est plutôt ma sœur et mon beau frère qui s’en occupent. Je fais plus la nounou, je garde les enfants, ça ne me dérange pas. Il y a la chance ici d’y avoir un climat qui est avantageux, il fait beau tous les jours. On profite de la piscine, j’ai la plage à 20 mètres, ça m’arrive d’aller me promener vers la plage.
Comment t’occupes-tu ?
S’occuper des enfants c’est déjà du boulot. (…) Les journées passent assez vite. En ce moment, comme beaucoup de monde, je regarde beaucoup de séries, la télé, des films…
Tu regardes quoi ?
Comme tous la Casa de Papel qui est sorti ! En une semaine c’était bouclé. J’aime bien les séries de narcotrafiquants avec El Chapo par exemple. J’aime bien regarder des films d’aventure, où il y a de l’action aussi.
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Es-tu comme pas mal de passionnés de foot en ce moment, à regarder d’anciens matchs ?
Je ne te cache pas que, franchement, le football me manque énormément. Je suis un passionné, un mordu de foot et ça me manque énormément, je pense comme beaucoup de monde. Déjà que quand y’a le foot je regarde tout le temps, sur mon téléphone, ce qu’il se dit, les matchs… Aujourd’hui je me refais des matchs, que j’ai pu jouer ou des équipes dans lesquelles j’ai joué.
Un exemple ?
Je me suis regardé des matchs qu’on a fait avec Marseille en Ligue des Champions. Le foot me manque tellement que je me remémore des moments que j’ai vécu… C’est là où tu te dis que l’odeur du vestiaire me manque énormément.
Qui est le défenseur qui t’a donné le plus de fil à retordre ?
Je suis tombé sur de très grands défenseurs… Je me rappelle en sélection avec Raphaël Varane, c’était quand même assez costaud. C’était quelqu’un qui était assez rapide, qui avait une très bonne relance. Il était très difficile à passer. Azpilicueta était très très dur à passer. Il m’a donné beaucoup de fil à retorde. Surtout à l’entraînement, quand on jouait ensemble à Marseille.
« J’ai toujours cette rage de vaincre, cette boule au ventre avant les matchs que j’adore. »
Comment tu t’entretiens sur le plan physique ? Tu as un programme préparé par le club où tu le fais individuellement ?
Il y a les programmes que te donnent le club et les programmes « en plus ». On vit une situation qui est assez lunaire, assez dramatique. On est dans l’attente, on n’a pas trop de visibilité concernant les dates de reprise. On est obligé de s’entretenir. Je pense que nos vacances d’été, c’est des vacances qu’on a un peu là malheureusement. Je pense que cet entretien ne remplace pas les entraînements et les matchs. Quand on reprendra, il nous faudra une prépa pour reprendre les matchs. Oui, s’entretenir mais surtout, surtout, faire attention à ce qu’on mange. Quand on est confiné et qu’on ne fait pas grand-chose, on a souvent faim, on se lâche un peu. C’est là où il faut faire attention. C’est pas facile mais faut pas traîner à côté du frigo (sourire).
Quand tu as 35 ans, il faut que le physique, le mental et l’hygiène de vie suive. Tu réalises une superbe saison du côté de l’Olympiakos, que ce soit en championnat ou en coupes européennes, tu te vois continuer encore quelques années à ce niveau-là ?
Oui, bien sûr. Depuis toujours je suis un passionné. Il ne suffit pas d’être passionné, il faut que le corps tienne. Je touche du bois, je suis épargné par les blessures. L’hygiène de vie est très importante, encore plus quand tu arrives à un âge comme le mien. J’ai toujours cette rage de vaincre, cette boule au ventre avant les matchs que j’adore. Avant les matchs, quand il y a des mises au vert, pendant les causeries, il y a cette petite « boule ». C’est ce que j’adore dans ce métier-là. Aujourd’hui, si l’on regarde la saison que je fais, c’est une des meilleures saisons de ma carrière. J’ai toujours cette rage de vaincre, cette force, cette passion, ce bonheur parce que c’est aussi un plaisir de se lever le matin pour aller à l’entraînement. Je ne vois pas pourquoi je m’arrêterais, je suis très très bien et très en forme, j’ai encore envie d’accomplir plein de choses et bosser pour continuer à suivre un rythme comme ça.
As-tu déjà pensé à ton après carrière ?
Oui bien sûr. Quand on est dans une situation comme la mienne, ce que l’on redoute le plus, c’est quand ça va s’arrêter. On essaye d’avoir une bonne hygiène de vie car on sait très bien que ton corps c’est ton instrument de travail.
On sait qu’il y a une fin à tout. Bien sûr, continuer dans le football parce que c’est ma vie, c’est quelque chose qui m’anime. Bosser pour un club, avoir un vrai projet sportif, travailler pour un club ça m’intéresserait énormément.
Quel poste ?
Dans une cellule de recrutement, un poste de directeur sportif. Je pensais à ça, c’est ce que je me suis mis en tête pour l’instant. Je me pose la question (de l’après ndlr) sans me la poser non plus. Mais ce serait plus dans ce domaine-là.
« (Ronaldo), j’étais vraiment fan de ce joueur, comment il driblait, j’étais ébahi quand je le voyais à la télé. »
Qui est le joueur qui t’a donné envie de devenir footballeur ?
(Il sourit) J’étais un fan absolu de Ronaldo, El Fenomeno. Je partais en vacances tous les ans à Salou, à 1h en voiture de Barcelone. J’allais visiter tous les ans le musée de Barcelone et le Camp Nou. J’ai toujours été fan de Barcelone depuis tout petit, et en l’occurrence de Ronaldo. J’étais vraiment fan de ce joueur, comment il driblait, j’étais ébahi quand je le voyais à la télé. C’est une tradition à Barcelone, au début de saison ils présentent les joueurs au Nou Camp devant 30 000, 40 000 voire 50 000 personnes. J’étais allé voir cet événement là quand j’avais 8-10 ans.
Ronaldo n’a pourtant pas vraiment le même style que toi ?
Ce n’est peut-être pas mon style de jeu, en tout cas du joueur que je suis aujourd’hui. Il m’a fait rêver parce qu’il avait tout : c’était un dribbleur, il avait le physique, il avait la technique, il marquait pied droit, pied gauche… On l’a surnommé El Fenomeno, ce n’est pas pour rien. Il m’a toujours inspiré, il y en a d’autres qui m’ont inspiré et dont j’étais très fan mais lui, pour moi, c’était au-dessus.
Pour finir, est-ce que tu pourrais nous apprendre quelques mots de Grec ?
(Rire) Euh… Je connais les choses quotidiennes de la vie, le « bonjour », le « bon appétit ». « Bon appétit » c’est « kalí órexi », « bonjour » c’est « kalimera »… Le grec ce n’est pas évident mais bon, on commence, on essaye on essaye…
Interview par Paul Avignon
Montage par Amaury Cottin